Le 25 juillet, 22h16
À la maison, notre maison.
My little puppy,
Je suis allongée dans ce grand lit qui est le notre et je me sens bien seule sans toi. Une fois de plus tu es loin et je t’attends. J’ai patienté toute la journée, j’ai attendu avec impatience ce soir pour t’écrire ces quelques lignes. Maintenant je pense à toi, et plus je pense à toi, plus tu me manques. Tu me manques terriblement.
Ce soir ce à quoi je rêve, ce à quoi j’aspire le plus au monde c’est d’entendre ta voix, de sentir ton souffle dans mon cou et tes doigts sur mon visage. Mais il ne me reste qu’une sensation. Une sensation qui après de longues semaines déjà s’évapore petit à petit. Pourtant je veux à tout prix la conserver. Cette sensation je la veux pour la vie. Je te veux toute ma vie à mes côtés.
Les larmes me montent aux yeux alors que je t’écris ces lignes. Les larmes me montent aux yeux et coulent sur mes joues jusque sur mes mains tremblantes qui tiennent maladroitement le crayon noir que tu as oublié dans ton costume noir. Tu sais celui que tu ne veux plus mettre. Celui dans lequel tu te sens si moche, alors que comme toujours tu es si beau. Le plus beau de tous. Pour moi tu seras toujours le plus bel homme que la terre ait créé. Tu te demandes peut-être comment j’ai retrouvé ce crayon dans ton costume, non ? Je cherchais ma petite veste en lin beige, tu sais celle que j’avais acheté l’été dernier. Celle que j’aime bien mettre sur ma robe noire. Je la voulais parce j’avais rendez vous avec un client important. Et je sais que tu aimes bien quand je mets cette robe. Mais sans la veste en lin, elle n’a plus aucun intérêt. Je cherchais donc la veste dans l’armoire mais impossible de mettre la main dessus. Par contre je suis tombée nez à nez avec ton costume. J’ai souri en t’imaginant faisant ta valise et laissant volontairement ce costume dans l’armoire. Mais plus je souriais, plus j’étais triste de te savoir si loin. J’ai pris la veste de ton costume et je l’ai enfilée. Évidemment elle était bien trop grande pour moi mais je me suis sentie bien dans cette veste. J’avais l’impression que tu étais un peu plus avec moi. J’ai enroulé mes bras autours de moi comme tu aurais pu le faire et j’ai tourné sur moi même comme si tu me faisais virevolter en l’air. Plus je pensais à toi et plus je tournais vite dans notre chambre vide. Je tournais, je tournais, je tournais, je tournais. Je voulais m’étourdir de ton odeur, de ta faible présence qui persistait dans l’air. Je voulais te sentir jusqu’au plus profond de moi. Je voulais oublier ton absence. Je tournais, je tournais, je tournais, je tournais. Je tournais et je me suis effondrée sur le lit d’avoir trop tournée. C’est là que le crayon a roulé. C’est là qu’il a dû tomber de la poche intérieure de ta veste où tu ranges d’habitude ton porte feuille et tes clés . Il a roulé jusqu’aux pieds du lit. Je l’ai regardé continuer son petit chemin de crayon qui roule. Je l’ai regardé et c’est comme si le temps s’était arrêté. Je ne pensais plus à rien. Ma tête tournait mais je ne la sentais pas. Je gardais simplement les yeux fixés sur ce pauvre crayon que je venais de faire voler dans les air jusqu’à ce qu’il touche le sol et roule par terre. Quand il eut fini sa longue et douce roulade j’ai continué à le regarder. J’ai gardé mes yeux fixés sur lui. J’ai admiré sa courbe, le noir laqué de son corps et la finesse des arabesques gravées sur son capuchon. J’ai admiré ce crayon comme si il était la dernière merveille du monde, et à ce moment là, il l’était. Puis quand je suis enfin sortie de ma léthargie, je me suis glissée jusqu’au bord du lit, toujours vêtue de la veste de ton costume, et je me suis penchée pour attraper le crayon. Je l’ai gardé serré dans ma main, tout contre mon cœur pendant de longues minutes. Je ne saurais dire combien exactement. Mais j’étais figée, je ne pouvais plus bouger tant il me rappelait ta présence encore une fois.
Quand j’ai enfin repris mes esprits il ne me restait plus que quelques minutes avant mon rendez-vous. J’allais être en retard. Mais qu’importe, je t’avais retrouvé en partie. Et cela me rendait la plus heureuse du monde. Avant de partir j’ai retiré la veste noire de ton costume et l’ai posée délicatement sur le lit avec le crayon. Ils allaient m’attendre jusqu’à ce que je rentre du travail, ce soir. Ce soir j’allais te retrouver encore une fois. Je suis partie. Sans ma veste de lin que je n’ai jamais retrouvée. Je suis partie en pensant à toi.
La journée a été longue. J’ai bien travaillé et conclu de belles affaires mais tu étais la seule chose qui occupait vraiment mes pensées. Et ce soir je suis allongée dans ce grand lit qui est le notre, enroulée dans ta veste de costume, avec dans les mains ton crayon noir.
Je pense à toi. Tu me manques terriblement.
Je t’aime…
M.